« La première impression que j’éprouve en regardant cette photo de Remoundakis, c’est qu’il est là, ici-même. Il est vivant. La deuxième chose, c’est que jamais je ne l’ai senti, vu, comme défiguré. Je dirai même que Remoundakis est un des types les plus beaux que j’ai jamais vu. Devant moi, cette statue antique. Quand je le vois là, je ne pense pas à la lèpre, je pense à lui, Remoundakis, à personne d’autre. Je vois bien que ses yeux ne sont plus des yeux, mais derrière, il y a mieux que le regard, cet espèce d’écran très mystérieux. [...] La carte de ce visage m’évoque un volcan, une montagne sur lesquels serait passé un torrent de pluie, qui aurait raviné, modelé naturellement un paysage. »
« 1977–1978. À trente km d’où j’habitais alors, découverte magique : une forge, une fonderie, fragile, vieille, ancienne comme une personne très âgée, mais se tenant encore droit. Antre, feu, temple, fusions, clair-obscur. Ouvriers secs, brûlés aux étincelles, recommençant chaque jour à l’aube les mêmes gestes, mécaniques, mais rituels. Une mourante cathédrale sous un pâle soleil venu d’en haut, à travers une verrière du temps d’Eiffel. Sombres joies. »
« J’ai vécu la relation à l’élément marin pour Les Morutiers comme j’ai vécu la relation au feu avec Pour mémoire. Je me suis immergé dans
le ventre du navire comme dans un autre ventre, et ne me suis plus senti metteur en scène. »
Jean-Daniel Pollet (in L’Entre vues)
LE DVD
L’ORDRE
de Jean-Daniel Pollet, avec le concours de Maurice Born (1974, 42 minutes)
version originale française et grecque, sous-titres anglais et espagnols
De 1904 à 1957, sur l’île de Spinalonga, le gouvernement grec a parqué les lépreux – pour éviter la contagion, disait-il. Là, rien à faire, rien d’autre que d’attendre. Alors, ils forment une société à part, avec ses propres règles, combattent l’injustice, l’arbitraire. Parmi eux, Remoundakis. Avec une force et une intelligence peu communes, il raconte, il dénonce.
POUR MÉMOIRE [LA FORGE]
de Jean-Daniel Pollet et Maurice Born (1978, 61 minutes)
version originale française, sous-titres espagnols
Une forge dans le Perche. Elle s’apprête à fermer. Pollet s’attache à ces gestes bientôt perdus, à ces hommes qui les répètent avec précision, amour, et désespoir. Poème sur la maîtrise du feu, la fin d’un monde (ouvrier) et la perte d’un savoir, Pour mémoire est aussi une réflexion sur le travail et son sens.
LES MORUTIERS
de Jean-Daniel Pollet (1968, 20 minutes)
En haute mer, sur un morutier, les hommes pèchent jour après jour suivant un rite et des gestes précis, et forment une communauté au milieu des éléments hostiles.
Versions restaurées
BONUS
- Pollet, c’est un œil
entretien avec Jean-Paul Fargier
LE LIVRE
- « L’Ordre et Pour mémoire, un rappel », Maurice Born
- « La Fonderie », Pierre Bergounioux
- Photographies de repérages et de tournage
- Documents (scénarii annotés, notes d’intention, courriers...) de repérages et de tournages
- Filmographie de Jean-Daniel Pollet
À VOIR ÉGALEMENT
