« Trapu dans son éternel blouson, le poète de Haute surveillance et le dramaturge des Bonnes fronce le sourcil. Il n’est pas homme à regretter d’être venu, mais il ne sera pas dit qu’il pactise avec l’Ordre. Le regard noir que me lance son œil bleu, c’est celui qu’il devait adresser à ses juges, naguère. Quand il me dit vous, pas question de me retourner, c’est toute la société qu’il vomit à travers moi, et moi à travers elle. Je suis le tortionnaire dont il a volé la langue pour échapper à la loi immonde. Il y a de la haine dans sa voix, feutrée de grande grentillesse, mais de la haine quand même. »
Bertrand Poirot-Delpech - Le Monde, avril 1986
Grâce à l’initiative de la productrice et comédienne Danièle Delorme et son goût pour les arts, deux entretiens ont pu être réalisés avec le poète et dramaturge Jean Genet, et ce, quatre ans avant son décès. Ces deux entretiens, aujourd’hui disponibles, font partie du patrimoine et le poète s’y livre sous la forme d’un « testament audiovisuel » d’une façon inédite.
« Je ne vois pas pourquoi je me passerai sous silence. Je suis encore celui qui me connaît le mieux. »
Jean Genet